Association Française de Lichénologie - Les champignons lichénisés de France - AFL


 

Koerberia biformis A. Massal. -  [-ID 4-]
Photos Jean-Paul Montavont
- Texte Jean-Claude Boissière


 

Ascomycota - Lecanoromycetidae - Peltigerales - Koerberiacea

 

Thalle : petit foliacé, en rosettes séparées ou confluentes de 0,5-2 cm très discret, plat, appliqué et jamais ascendant, gris légèrement bleuté et mat à l’état sec, devenant vert glauque assez foncé lorsqu’il est hydraté (photo 1). Même en présence d’eau ce thalle n’apparaît jamais gélatineux. Les lobes étroits et longs (0,2-0,8 x 0,5-2 mm) sont bien ramifiés et séparés par des incisions très profondes. À la surface du thalle, irrégulièrement mais plutôt vers les extrémités des lobes, apparaissent des isidies digitiformes de 0,1-1 mm, simples ou peu ramifiées, épaisses de 45 à 75 µm (photo 2). C’est l’abondance des isidies masquant parfois complètement le reste du thalle qui donne l’impression de deux formes différentes de cette espèce et explique l’épithète de biformis.

Les deux cortex sont semblables, proso- à paraplectenchymateux à une ou plusieurs couches de cellules dont les hyphes sont parallèles à la surface. Des rhizines isolées sont présentes.

 

Photosymbiote : cyanobactérie appartenant au genre Scytonema. Elle se reconnaît des Nostoc par des dimensions plus grandes, le plus souvent en filaments pelotonnés voire indistincts 6 – 10µm dans le sens de la longueur du filament et 15 µm en travers.

Chimie : R-, aucune réaction du thalle avec les réactifs habituels. Aucune substance lichénique trouvée.

Apothécies : dispersées, hémiangiocarpes, apposées sur le thalle, de 0,5 à 1 mm de diamètre, de couleur claire, livides à roussâtres. Le disque d’abord presque punctiforme s’élargit et vient finalement presque au même niveau que l’excipulum. L’hypothécium est incolore.

Microscopie : bien que l’hyménium soit fortement I+ bleu, les asques ont un tholus à peine coloré (POELT et VEZDA ibid.), seul le gélin extra pariétal est amyloïde. Les ascospores par 8, incolores, simples et aciculaires (35-45 × 1-4 µm) sont disposées en hélice dans des asques.

 

Habitat : espèce corticole thermophile, aérohygrophile, peu héliophile, passant facilement inaperçue par sa petitesse et sa dispersion sur la mousse des chênes verts. Dans toutes les stations citées, elle se trouve dans une vallée au voisinage d’un cours d’eau, plutôt du côté nord, donc en milieu franchement humide. De l’étage mésoméditerranéen inférieur à l’étage montagnard inférieur. Ombroclimats subhumide et surtout humide

Espèce peu commune, potentiellement menacée.

 

Thalle présenté : L’échantillon photographié provient d’une récolte de J.-P. MONTAVONT et O. BRICAUD lors de l’excursion A.F.L. de l’été 2003 à l’entrée des gorges du Toulourenc, rive droite, à SAINT LEGER DU VENTOUX (Vaucluse) sur Quercus ilex parmi les mousses. Altitude entre 380 et 450 mètres.

 

Remarques :

- Il est à peu près certain que cette espèce a été souvent ignorée et qu’elle est plus commune que les relevés pourraient le faire croire. Sur le terrain, elle peut facilement être prise pour un petit Leptogium et seul l’examen microscopique permet de différencier le Scytonema d’un Nostoc aux cellules bien plus petites et nettement disposées en filaments allongés.

- Le genre Koerberia a été créé par A. HENSSEN (1963) pour des espèces foliacées dont le photosymbiote est un scytonema. Il comprend deux espèces. La deuxième est saxicole calcifuge et possède un thalle foliacé encore plus ténu que K. biformis.

 

Bibliographie

OZENDA P. et CLAUZADE G., 1970. Les Lichens. Étude biologique et flore illustrée. Edti. Masson, Paris, 800 p.

ROUX C. et coll., 2017. Catalogue des lichens et champignons lichénicoles de France métropolitaine. 2e édition revue et augmentée (2017). Édit. Association française de lichénologie (A. F. L.), Fontainebleau, 1581 p.

 

 

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