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Un peu de méthodologie lichénologique
par Jean-Michel Sussey
jean-michel.sussey@wanadoo.fr

 


1. Récolte et conservation des lichens
 
 

La récolte peut se faire en toute saison et ne présente aucune difficulté particulière. La plupart des lichens foliacés et presque tous les lichens fruticuleux, les lichens terricoles et muscicoles sont généralement récoltés aisément à l’aide d’un bon couteau ou simplement à la main, en ayant soin de bien enlever la base. Si les lichens sont très secs et cassants, il est parfois utile de les humecter avant de les prélever.

Les espèces crustacées et de nombreuses espèces foliacées sont très adhérentes au substrat (écorce ou rocher) où elles sont fixées. Dans ce cas, il est nécessaire de prélever également le substrat à l’aide d’un couteau à bois pour les écorces, d’un marteau et d’un burin pour les roches.

Dans la mesure du possible, il vaut mieux prélever les thalles entiers ou,  à défaut, un fragment représentatif avec la partie périphérique et la partie centrale. Dans le cas des espèces saxicoles, il est conseillé de prélever des échantillons de roche assez plats pour la facilitation du rangement en herbier.

Sur le terrain, il est très pratique d’utiliser de bonnes enveloppes en papier pour assurer la conservation des échantillons jusqu’au moment de leur classement définitif. Si le temps de récolte est pluvieux, on peut se permettre de placer les échantillons dans des sacs en plastique, mais il est alors indispensable, après la récolte, de retirer les échantillons afin de permettre une dessiccation complète. Il est conseillé de placer chaque échantillon dans une enveloppe pour éviter que les échantillons soient endommagés par frottement mutuel dans le sac de récolte. Pour les échantillons les plus petits ou les plus fragiles, il est souvent utile de se munir de petits récipients (par exemple piluliers, boîtes d’allumettes de petits formats, boîtes métalliques de pellicules photos).

On n’oubliera pas de consigner sur le terrain toutes les indications habituelles : date, lieu de récolte précis (pays, commune, lieu-dit, etc.) altitude, nature géologique de la roche, type de phorophyte, orientation, inclinaison du substrat, etc.

Les lichens se conservent facilement. Il suffit de les laisser se dessécher à l’air sans les presser comme on procède habituellement pour les plantes vasculaires. Seuls les grands lichens foliacés ou fruticuleux (Peltigera, Usnea, etc.) supportent un aplatissement léger.

Le rangement en herbier peut se faire de différentes façons. La plus recommandée est d’utiliser des pochettes de papier solide (type papier Kraft) qui, une fois repliées, ont une dimension d’environ 10 x 15 cm et sur lesquelles on peut aisément coller une étiquette présentant les indications d’identification et de localisation de l’échantillon (prévoir dessins). Les échantillons peuvent être placés librement sur un carton à l’intérieur du sachet. Dans le cas des lichens très fragiles ou de petite taille, notamment les lichens terricoles, on peut les placer au préalable dans des petite boites qui seront elles-mêmes incorporées à l’herbier. Pour les lichens saxicoles, un morceau d'ouate placé entre le carton et l’échantillon évitera de percer le papier du sachet. Les sachets contenant les échantillons peuvent être rangés dans des boites cartonnées, type boite à chaussures.

En collection, les échantillons de lichens sont peu attaqués par les insectes. Cependant, il arrive que certains soient la proie d’Acariens ou de petits insectes du groupe des Psoques. La présence de créosote ou de quelques cristaux de paradichlorobenzène dans les armoires ou les boites d’herbier, ou bien le passage des échantillons au congélateur durant au moins deux jours suffit à assurer une protection efficace.

 


2. Les outils du lichénologue

   
 

Voici la liste récapitulative non exhaustive des outils cités dans le paragraphe précédent et servant d'une part à la récolte des lichens et d'autre part à leur conservation en herbier.

   
 

Pour la cueillette :

a) sur les arbres : couteau de type opinel, sécateur pour les petites branches, ciseaux à bois pour les grosses branches ou les troncs.

b) sur les rochers : marteau et burins à pointe ou plat.

c) des enveloppes usagées ouvertes sur le coté plutôt que sur le sommet, font parfaitement l'affaire. Quelques boîtes d'allumettes ou autres pour les sujets délicats ou plus gros.

d) pour le transport, certains utilisent des boites de pêche, des sacs plastiques ou des paniers. Peu importe le contenant pourvu que les lichens ne soient pas trop maltraités dans leurs enveloppes ou leurs petites boîtes.

e) une carte d'état major au 1/25000e pour situer le plus exactement possible le lieux de récolte, un altimètre, et mieux encore un GPS.

   
 

Pour la conservation et l'herbier
a) Enveloppes en papier Kraft
b) Papier de type Sopalin utilisé en cuisine pour y plier correctement le lichen qui sera ainsi protégé
c) Un carton de type bristol sur lequel vous pouvez noter toutes les observations que vous avez faites sur le lichens lors de sa récolte, les différentes réactions chimiques ou mesures que vous avez effectuées sur le thalle, la médulle ou les spores et paraphyses, ainsi que les petits croquis explicatifs de la forme de ces spores et autres. Vous le glissez dans l'enveloppe et le lichen sera un peu mieux protégé pour le stockage dans l'herbier.
d) Des étiquettes autocollantes (à colle non altérable à la longue) sur lesquelles vous mettrez le N° d'herbier du spécimen, et tous les renseignements nécessaires sur la station, ainsi qu'une brève description du lichen (voir l'exempleci-après) ; la meilleure solution consiste toutefois à imprimer le texte directement sur l'enveloppe.

Remarque importante de Claude Roux : certaines étiquettes autocollantes se décollent après quelques années et ne sont pas recommandées pour les herbiers ; personnellement j'imprime directement sur l'enveloppe ce qui est beaucoup plus pratique et bien plus sûr]

e) Des boîtes de chaussures aux dimensions des enveloppes feront parfaitement l'affaire. Il existe des boîtes manufacturées pour les fichiers verticaux qui sont en forme de petits meubles par emboîtements successifs et d'usage facile car il elles permettent de tirer comme, un tiroir, chacun boite sans déplacer les autres.

   
  Pour la détermination :
 

 Matériel optique

a) Une loupe grossissement x 8 ou x10 que l'on utilise en botanique ou mycologie, pour les observations de terrain.

b) Une loupe binoculaire pour travailler au laboratoire du même type que vous utilisez pour la mycologie.

c) Un microscope à transmission dont les objectifs vont de x 40 à x 100 avec un micromètre oculaire pour la mesure des spores, de l'hyménium ou autres.

d) Un dispositif de polarisation très simple, constitué d'un analyseur rond à poser sur l'oculaire et d'un polariseur rectangulaire à placer sous la lame observée. L'ensemble s'achète pour un prix dérisoire de l'ordre de 20 € chez les fournisseurs de matériel pour les lycées et collèges. Ce dispositif de polarisation est nécessaire pour l'observation des cristaux pouvant se trouver dans les apothécies ou la thalle de certains lichens et qui permettront de le déterminer beaucoup plus facilement.

e) De l'huile d'immersion pour l'observation au grandissement x 1000.
 

 

 

 

 

 

 

 

 

Produits chimiques :
Une gamme de produits chimiques, avec petite languette d'application, stockés dans de petits flacons de 10mL, à savoir :

a) de l'eau pour le montage des lames ou l'humidification de certains thalles

b) de la potasse saturée (en abrégé K) pour les réactions sur le thalle et la médulle

c) de la potasse à 10% pour le montage de certaines préparations sous microscope

d) du chlore (en abrégé C), berlingot d'eau de javel dilué à 50%.

e) de l'iode sous forme de lugol (en abrégé I) pour les réactions sur la médulle ou dans les préparations pour teinter l'hyménium, le sommet des asques ou les paraphyses.

f) de l'acide nitrique à 5% (en abrégé N) pour les réactions sous le microscope et la classification des supports minéraux en roches calcaires ou non calcaires.

g) de la paraphénylènediamine (en abrégé P), produit très dangereux et très instable, pour les réactions sur certains lichens et particulièrement les Cladonia.

h) du lactophénol pour la coloration en bleu des spores et paraphyses incolores

i) du rouge congo ammoniacal pour les mêmes raisons.

 

Tous ces produits sont disponibles auprès de l'AFL.

Voir bon de commande des produits chimiques ððð Produits chimiques (PDF)

 

 

 

 

Notes personnelles :

Lorsque vous aurez déterminé votre lichen, il est conseillé de prendre des notes personnelles qui vous permettront de revenir plus facilement sur l'exemplaire en question et de le comparer avec  d'autres que vous rencontrerez ultérieurement . Nous vous conseillons donc d'établir des fiches dont nous vous joignons un exemplaire en modèle et pour ceux qui font des photos d'y adjoindre une photo de l'exemplaire considéré et si possible de la microscopie le concernant.

 
 

Conseils pour l'établissement des étiquettes d'herbier
 

 

Personnellement j'utilise Works pour établir ma base de données concernant tous les lichens que j'ai en herbier ce qui me permet par le biais des « requêtes » d'établir instantanément soit :

-         la liste alphabétique, pour rechercher dans mon herbier.

-         la liste dans l'ordre numérique du stockage de mes lichens dans mon herbier,

-         la liste des lichens provenant d'un même site (localité, lieu-dit …)

-         la liste des lichens d'une même année ou d'un même mois

-         la liste des habitats ou des supports etc.

-         Enfin et surtout cela me permet d'établir mes étiquettes telles que celle ci-après.

 

«FICHE»

 

«N°»

«Nom:»

«Localité:»

«Lieudit:»

«Habitat:»

«Substrat:»

«Description 1»

«Description 2»

«Description 3»

«Description 4»
«Date:»

   
   

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